Mais, en l'espèce (si on ose l'expression), rien de douteux ni d'illégal. Ces réserves sont connues, certes des seuls initiés. Mieux, leur emploi détaillé, député par député, subvention par subvention, apparaît sur le site internet du Palais-Bourbon. Il y a là du droit net et de la clarification. Pour autant, quelques pas en avant doivent encore être faits. Non pas pour améliorer le service de ces prébendes parlementaires, mais pour supprimer totalement des dépenses qui ne se légitiment pas.
Mode d'emploi. Le fonctionnement de la réserve parlementaire est passé de l'opacité à la lumière. Mais c'est son existence même qui est problématique. Le « bon vouloir » ne saurait être encore longtemps érigé en critère d'affectation de ressources tirées de prélèvements obligatoires. Le temps n'est plus à la gestion d'obligés et à la mendicité organisée pour bénéficier des largesses d'un député ou d'un sénateur. Les réserves parlementaires ont une existence légale et claire, avec un vote annuel dans le contexte des lois de finances. Il suffit de ne plus faire apparaître ces « réserves » dans le texte et elles disparaîtront immédiatement.
Dans le contexte général de défiance à l'égard des responsables politiques – défiance alimentée par l'accumulation des affaires –, une perspective est d'intégrer la disparition des réserves parlementaires dans le prochain projet de loi de moralisation de la vie publique. Il n'est peut-être même pas nécessaire d'alourdir le texte. Il suffit que députés et sénateurs aient le courage de ne plus se voter, pour leurs réalisations, des petits pouvoirs d'un autre âge.