Moins d’un tiers des actifs a conscience que le taux de suicide en France est au-dessus de la moyenne européenne. Du côté des entreprises, 15% des actifs rapportent que leur société a été confrontée à une crise suicidaire au cours des cinq dernières années. Ils jugent la réponse de l’employeur inadaptée dans 63% des cas ; 30% l’estiment pas du tout adaptée, et 33% plutôt pas adaptée. Ils considèrent par ailleurs que de tels événements ont des répercussions négatives dans 40% des cas (1).
Pour le directeur de Technologia, Jean-Claude Delgenes, les actifs sont moins susceptibles de passer à l’acte : «Le facteur travail est un facteur de protection», explique-t-il. Avant de nuancer : «Sur le suicide, on est dépourvu de moyens d’études.»Il insiste sur le fait que le suicide traduit l’état des relations de notre société : «On est en retard par rapport aux autres pays.»
Avec plus de 10 000 morts et plus de 200 000 tentatives par an, la France compte un taux de 14,7 suicides pour 100 000 habitants, bien au-dessus de la moyenne européenne. Dans les entreprises, le type de réponses n’est pas toujours adapté. «La réponse par le déni est la pire qui soit», ajoute Jean-Claude Delgenes.
Pourquoi l’Hexagone est-il si en retard ? D’abord pour des raisons historiques (le catholicisme considérait le suicide comme un péché). Ensuite, parce que le pays n’a pas de culture de la prévention. «L’objectif devrait être de passer à 10 décès pour 100 000 habitants», conclut Jean-Claude Delgenes.
(1) Enquête réalisée du 30 juillet au 20 août, auprès de 1 000 personnes représentatives de la population active, selon la méthode des quotas.