Les assureurs n'auront pas réussi à faire changer d'avis Benoît Hamon. Comme prévu, le ministre veut donner aux consommateurs la possibilité de résilier plus facilement leurs contrats d'assurance-habitation et automobile. Il est proposé qu'ils puissent le faire à tout moment, sans frais ni pénalité, à partir du treizième mois, et non plus seulement à la date d'échéance annuelle. L'objectif affiché est de leur permettre de mieux faire jouer la concurrence alors que les prix de l'assurance sont en augmentation depuis plusieurs années.
Cette évolution était souhaitée par les comparateurs d'assurance, qui ont gros à gagner dans l'affaire. « La loi actuelle est complexe et mal connue des assurés (…). En conséquence, la durée de vie des contrats auto et habitation est en moyenne de six ans en France, contre deux ans aux Pays-Bas ou en Grande-Bretagne, où les assurés peuvent résilier à tout moment », argumente Assurland. Les assureurs redoutent, eux, un turnover trop grand de leur portefeuille dans un contexte déjà très concurrentiel. « Il y a des garde-fous qui permettront d'éviter les comportements de zapping. La première année d'assurance est sécurisée et le principe de la tacite reconduction est maintenu », relève pour sa part Martin Coriat, directeur général du comparateur Lelynx.fr.
Selon les assureurs, un tel texte entraînerait aussi une augmentation des cas de fraude et de non-assurance, les attestations d'assurance étant délivrées pour une durée de un an. Un risque que le gouvernement pense circonscrire en obligeant la personne qui résilie sa responsabilité civile automobile à fournir la preuve qu'elle s'est assurée ailleurs.
Quant à l'impact sur les tarifs, il est annoncé à la baisse par les partisans de la réforme, mais à la hausse par les assureurs. Pris par surprise sur ce dossier, ces derniers ont commandité une étude pour étayer leurs arguments. Trop tard ?
Laurent Thévenin